Kostas Nassikas et Démosthène Agrafiotis
Bilingue grec-français
Traduit du grec par Kostas Nassikas et Hervé Bauer
Editions L’Harmattan. ISBN : 978-2-296-56907-2, 35,50 €
Cette anthologie-ci « cueille » les poètes grecs contemporains qui ont «fl euri» (anthos = fl eur) après la mort du Nobel de littérature de 1963, le poète Séféris ; l’enterrement de celui-ci, en 1971 à Athènes, fut l’occasion de la première grande manifestation au sein d’une Grèce plongée dans le noir et la terreur de la dictature des colonels.
C’est dans cette aube politique et poétique que les participants à cette anthologie ont commencé à publier ; ils continuent de vivre dans une société qui (re)prend le cours de l’histoire au milieu d’un ensemble de paradoxes : les restes ottomans survivent encore dans diverses habitudes du quotidien et, en particulier, à travers la corruption ; l’église, avec ses traits byzantins, est très influente ; cela contraste avec la volonté de cette société de se déclarer post-industrielle, alors qu’elle n’a jamais été industrielle ! Sa montée sur le char européen a mis l’accent sur une démocratie confrontée à l’enrichissement excessif de certaines couches sociales, ce qui a profondément malmené ses valeurs humaines. La poésie s’est trouvée, de ce fait, au premier plan de la « résistance » et du « dire vrai » face à l’envahissement des valeurs mercantiles tout en poursuivant son travail introspectif et son « regard existentiel » sur le sujet.
Kostas Nassikas est psychanalyste et peintre, membre de l’Association psychanalytique de France et enseigne à l’université Lyon I. Il est aussi responsable médical de la Maison des adolescents de Lyon. Il a publié de nombreux articles et livres dont le plus récent est : Exils de langue (PUF, 2011). Il organise, depuis quelques années, avec d’autres psychanalystes, des linguistes et des poètes, un atelier de recherche à Lyon sur le thème : Fabriques de la langue. Un colloque a eu lieu à l’ENS en 2010 et un livre paraît bientôt aux PUF sur ce thème. En tant que peintre, il expose dans plusieurs pays d’Europe ; ses peintures et installations concernent la naissance des traces, leur passage vers
la lettre, l’écriture, le palimpseste.
Hervé Bauer est né à Paris, en 1952. Il vit à Lyon, où il enseigne la philosophie. Si son écriture témoigne d’un extrême souci de la forme, c’est au sens où celle-ci constitue un accès à la vie, comme rythme et respiration. C’est pourquoi il défi nit sa pratique comme poésie. Cette exploration des régions les plus excentrées de la langue, cet « écart de langage » appelé poésie, apparente, pour Hervé Bauer, l’acte d’écrire aux opérations du lointain. Il a publié à ce jour une quinzaine d’ouvrages, dont les deux derniers, Mise en pièces de la lyre et Aggravation(s), aux Editions L’Harmattan, en 2005 et 2008.