2017

Entretien sur l’Anthologie de la poésie grecque : 1975-2005 @ Radio Occitania


TEMPS DURS

Temps durs.
Temps de fouets électriques.
Je frappe aux portes pour parler.

Il ne sait rien le paon innocent
qui respire amèrement
dans cette atmosphère empoisonnée.

Temps durs
temps du courage perdu
et la poésie au milieu
du peuple à genoux.

Ce poème de Lefteris Poulios (né en 1944) est peut-être la photographie de la Grèce, qui connaît bien des tourments depuis la seconde guerre mondiale ; il figure dans l’Anthologie de la poésie grecque 1975 – 2005 édition bilingue grec-français, de Kostas Nassikas et Démosthène Agrafiotis (traduction par Kostas Nassikas et Hervé Bauer), publié à L’Harmattan, collection Poésie, Levée d’Ancre, 355 pages, 35,50 €.

C’est Joëlle MONTECH qui est venue d’Athènes où elle enseigne le théâtre, pour parler de cette anthologie au micro de l’émission « les poètes » de Radio Occitania.
Le lendemain, elle participait à la Maison de l’Occitanie à Toulouse au festival européen « 50 poèmes pour la neige ». Avec brio, elle a brossé le portrait de Constantin Cavafy, ce poète grec mis en exergue cette année dans ce festival. Elle a lu des poèmes de Cavafy, puis des poèmes de Démosthène Agrafiotis, avec une sobriété et une justesse de ton qui révélaient l’intensité des textes. Sa voix, retenue mais ferme, était celle d’une sensibilité qui témoignait de l’expérience poétique réussie de leurs auteurs. Elle fut bien applaudie par une salle comble. Et le lendemain matin, elle s’envola pour Athènes.

La générosité à fleur de peau de Joëlle Montech, transparaît dans ses commentaires de cette anthologie dont elle fut, le soir de cette émission là, l’ambassadrice zélée. Pas de lamento, pas de plainte lorsqu’elle évoque la Grèce, même si, très vite, elle rend hommage à Natasha Hadjidaki, femme de radio et poète qui venait de mourir à 70 ans. De la dignité, celle que confère le pouvoir de l’écriture et plus encore s’il s’agit de poésie.

La dignité, les poètes n’en manquent pas. Car les poètes ne sont pas des gens de pouvoir ; ou alors si certains le sont, c’est toujours une véritable catastrophe. Leur pouvoir n’est pas celui de l’autorité mais celui de la conscience. Ceux-là échappent à la constatation de Franz-Olivier Giesbert figurant dans son bon roman « L’arracheuse de dents » : « Le pouvoir est une chose étrange qui fascine les hommes alors qu’il concubine avec ce qu’il y a de plus ridicule en eux. La vanité, l’absence totale de dignité. »

Joëlle Montech qui a été en poste en Amérique du Sud puis à Moscou avant de rejoindre Athènes, est originaire de Toulouse. Son père, trop tôt disparu, Luc Montech, fut le mythique animateur du Théâtre Jules Julien et de l’association « Le théâtre du réel ». Il a marqué une fière époque où le fait culturel était encore une préoccupation pour nos édiles.

Compte-rendu d’un aperçu de l’émission du jeudi 23 février 2017 (PDF).

Amitiés à ceux qui se reconnaîtront,
fraternité à tous,
Christian Saint-Paul

 

Écoutez l’entretien avec Joëlle Montech sur Radio Occitanie (en cliquant ici).