Novembre 2017

Engagement ou célébrer l’ici et le maintenant


engagement

ou

la question éthique de l’acte artistique

la question de la responsabilité de l’artiste

la question de la pertinence socioculturelle d’une action poético-performative.

Les trois versions ci-dessus se réfèrent-elles à

la communauté                    l’humanité

la société      &                    l’espèce humaine

la patrie                                (finalement) soi-même ?

Sont-elles orientées vers le présent, l’avenir ou le futur du futur ?

L’artiste est-il un citoyen particulier ? A-t-il une vie charismatique ? Doit-il s’abstenir de suivre le code éthique prévu par la socioculture dominante ? Son action est-elle destinée à mettre en cause les normes établies, à mettre en lumière les contradictions et les failles des modèles culturels, à montrer l’incapacité des matrices culturelles à aborder la réalité avec un minimum de cohérence ?

Voilà quelques questions qui émergent dès que l’on évoque la problématique de l’engagement. L’engagement est souvent entendu comme un ensemble de priorités et d’exclusions alimentées par les réponses à ces questions.

Partant de l’hypothèse que la période actuelle est marquée par une crisiologie généralisée (consulter également le site : www.crisiology.org), mon engagement est très influencé par cette condition socioculturelle. Considérant les actions humaines comme source d’appauvrissement culturel mondial et les tenant pour responsables de cette époque d’incertitude et de destruction des repères (disparition des langues et des cultures, etc.), ma recherche artistique est centrée sur cette « crise » fondamentale, et non seulement sur la soi-disant « crise » économique.

Face aux menaces de changements dramatiques dans l’économie, aux désastres des relations humaines et aux excès du pouvoir oligarchique, certains contemporains sont tentés de verser dans la nostalgie d’un passé idéalisé ou dans un messianisme présenté comme solution à tous les problèmes, réels ou fictifs.

À l’opposé, mon travail poétique et artistique explore les limites, par les limites et au-delà des limites, pour reprendre une expression lévi-straussienne. Je m’intéresse à l’explosion du moment, à la célébration d’un « ici et maintenant » et à la confirmation d’une présence non négociable, grâce à l’échange d’une énergie multiforme avec le lecteur, le spectateur et le participant à mes démonstra(c)tions.

En d’autres termes, je m’engage dans une approche « mystique sans dieu », une reconnaissance des passions humaines et une confiance « simpliste » à l’imaginaire et à l’inventivité. Je pratique des démonstrations-démonstrACTIONS en partant d’un dialogue entre la poésie et les autres processus/dispositifs artistiques, au nom de la performativité, de l’interdisciplinarité et de l’esprit intermédia.

Un espoir, un objectif possible : constituer à travers mon œuvre un univers utile où les divers groupes humains puissent découvrir de nouvelles formes de liens, élaborer de nouveaux modèles. Cet univers symbolique pourrait alimenter une logique, un savoir et être à l’origine de nouveaux rituels, d’un nouveau processus de sens.

Mon engagement pour une éthique transversale s’inscrit dans ce cadre et produit une œuvre visant l’universel, ses promesses et ses illusions.

bilan

ma contribution ?

pourquoi le cacher ?

envers tout ce qu’on m’a demandé
j’ai été lâche.*

Démosthène AGRAFIOTIS

Poète, artiste intermedia.
* cf. Isomorphismes.

Essai initialement publié dans AREA #32-33, Printemps-Été-Automne 2017
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